Mai 2018.
Animés d'une sérieuse envie de pousser les murs et de dépoussiérer les lieux nous nous réunissons pour un brainstorming et laissons les idées fuser.
Nous recherchons une nouvelle identité à donner à ce lieu : recyclerie, convivialité, proche des habitants, participatif, zéro déchet... La médiathèque en a besoin ! Les 220m2 sont entièrement occupés par de grandes travées, l'espace jeunesse permet tout juste d'installer 6 personnes, les places assises manquent, le lieu a une image un peu désuète.
Le livre Utile, utilisable, désirable : redessiner les bibliothèques pour leurs utilisateurs d'Aaron Schmidt et Amanda Etches est une mine d'or. Nous essayons de retirer nos lunettes de bibliothécaires et de redécouvrir les lieux avec un regard d'utilisateur. Bilan : beaucoup d'utile, mais nous pouvons faire des progrès pour que le lieu soit pratique à utiliser et attractif. Nous rêvons d'un lieu culturel participatif et collaboratif, investi par les habitants, avec un salon de thé au milieu de la bibliothèque, un coin recyclerie, un potager urbain. Nous avons 60 000e en tout pour les travaux et l'aménagement, financés à moitié par la DRAC. Il va falloir être inventif !
Eté 2019
Et si on fabriquait le mobilier avec les habitants ? Pour libérer de l'espace, il nous faut retirer toutes les étagères qui occupent le centre de la pièce. Le problème, c'est que racheter un ensemble complet de bacs et d'étagères, c'est hors de prix. On aimerait bien acheter de l'ancien, parce que c'est beau, chaleureux, économique. Et aussi parce que l'on a décidé que le fil rouge du projet serait un espace cabane, écologique, réalisé avec des matériaux naturels. Nous allons essayer de suivre les trois R : réduire, réutiliser, recycler.
Quelle chance, un 4ème R, Rémi, l'architecte de la ville est à l'écoute, créatif. Lorsqu'il tombe dans notre sous-sol sur de vieilles travées abîmées stockées ici depuis quelques dizaines d'années, il imagine de leur donner une seconde vie en faisant menuiser de nouvelles tablettes en bois par Fabrice, un artisan municipal. Imaginer l'aménagement est un casse-tête (il faut faire coïncider nos besoins de rangement avec le stock existant d'étagères, de différentes tailles) mais le résultat est superbe. Et beaucoup, beaucoup moins cher que du mobilier neuf. Nous ne jetons rien, le mobilier que nous n'utiliserons plus est donné à d'autres services municipaux.
Septembre 2019
Avant les travaux, il faut préparer les collections. Un gros désherbage a été fait en amont, nous avons fait le choix d'enlever certains domaines documentaires qui ne trouvaient pas leur public dans cette bibliothèque de quartier pour donner plus de visibilité aux collections prisées : polar, roman, jeunesse, nouveautés. Les DVD et les albums sont des fonds flottants (le public rapporte ces documents dans n'importe laquelle des 3 médiathèques et ils y restent) pour pallier le manque de choix qu'induit un si petit espace.
Décembre 2019
Nous nous sommes réunis pour co-construire le mobilier avec plusieurs collègues d'autres services municipaux : Rémi l'architecte, Fabrice le menuisier, Elie du développement durable, Guillaume médiathécaire. Au programme, tabourets en chutes de bois, meubles de présentation style librairie dessinés par Rémi, des caissons mobiles pour s'asseoir, un comptoir pour les ordinateurs. La médiathèque est conçue comme un immense salon avec des meubles de toutes sortes, plusieurs coins différents au milieu des collections. Les travaux sont bientôt finis : le sol est refait, un mur de séparation a été ouvert, de nouvelles prises électriques ont été installées. Rémi a réussi à structurer l'espace avec de grandes poutres de bois qui rappellent le thème de la cabane. La médiathèque paraît beaucoup plus grande.
Nous trouvons le buffet de la tisannerie dans une brocante en ligne, négocions avec Emmaüs pour pouvoir chiner avec un bon de commande, cherchons du mobilier local, éco-responsable, en matériaux naturels, résistant et peu coûteux. Un vrai mouton à 5 pattes ! Un artiste local crée une grande table qui occupera le centre de la pièce, un artisan (landmade) fournit les tables de travail, un artiste (Papier à Etre) des luminaires oniriques en papier. Pour les assises, c'est plus difficile, nous finissons par commander dans des entreprises qui ont pignon sur rue (Madeindesign, Maisons du monde, Famous Design). Le mobilier coûte moins cher que si nous étions passés par un assemblier. Nous sommes en-deçà du seuil des marchés, ce qui nous a offert beaucoup de liberté pour choisir les prestataires.
Février 2020
Bientôt l'ouverture ! Les médiathécaires passent un coup de vernis sur les meubles menuisés, l'architecte finalise les travaux, les collègues des services techniques installent les étagères recyclées, Pascal des espaces verts apporte les plantes choisies à Rungis, Alexandre installe une signalétique "fait maison". Nous avons sélectionné une police libre de droit et nous avons imprimé le tout sur des feuilles rodhoïd : c'est simple à faire et cela ne coûte quasiment rien. Nous vous en parlerons dans un prochain article à venir.
Assez parlé, voici la médiathèque "Ipoustéguy" en images après !